Au cœur d’Orion, une pouponnière d’étoiles
Sans aucun doute, les images du télescope spatial James Webb sont spectaculaires. Et attendues avec beaucoup d’impatience par tous ceux qui aiment les photographies les plus saisissantes de l’Univers. Mais cette image est différente… Elle est plus intime, plus secrète. Pour la comprendre, il faut tout d’abord savoir qu’elle se situe au cœur de la nébuleuse d’Orion, le nuage de gaz et de poussières visible à l’œil nu dans le ciel d’hiver comme une légère tache floue, dans la constellation du fameux chasseur de la mythologie. Messier 42, pour les astronomes amateurs. A 1350 années-lumière de notre planète, donc astronomiquement proche, cette grande nébuleuse est une zone active dans laquelle naissent des étoiles et des systèmes planétaires. Mais l’accès à cette maternité céleste, cette pouponnière d’astres, est pour le moins difficile. En effet, de grandes quantités de poussières et d’épaisses volutes gazeuses font murs et voiles à la lumière des nouveaux nés. Et pour percer ce mur opaque à l’œil humain, la vision infrarouge du télescope James Webb est comme la potion magique ; elle réalise l’exploit de nous faire pénétrer au cœur de la nébuleuse. Pour nous montrer une fabrique d’étoiles en action. L’énergie des étoiles qui sculpte son environnement stellaire. Des soleils et des planètes en train d’apparaître, de se former, d’émerger au cosmos. Des globules qui roulent. Des filaments denses de matière qui se tordent, se déforment, ondulent comme des vagues poussées par la pression de radiation des lumières vives et naissantes. Certains astres disparaîtront rapidement, d’autres vivront des milliards d’années et perpétueront le cycle de la complexité cosmiques. Jamais image fixe n’a autant bougé. Une esthétique et un mouvement : les peintres impressionnistes auraient adoré.
Alain Cirou
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