Champs galactiques
Des galaxies à perte de vue… Sur cette image du télescope spatial James Webb (JWST) s’offre à nous tout le choc, esthétique et émotionnel, des résultats observationnels de l’astronomie moderne. Rappelons tout d’abord ce que nous enseigne l’Astronomie du vingtième siècle. Nous vivons autour d’une étoile – le Soleil – laquelle tourne parmi un vaste ensemble de centaines de milliards de congénères baptisé La Voie lactée. La Voie lactée est elle-même une galaxie parmi des centaines de milliards d’autres, toutes composées de milliards d’étoiles.
Le télescope spatial Hubble, prédécesseur du JWST, avait pour la première fois, en 1995, réalisé une image mosaïque à partir de 342 clichés du ciel dans la constellation de la Grande Ourse et montré que sur une taille apparente équivalente à celle d’un bouton de chemise placé à 25 m de distance plus d’un millier de galaxies étaient visibles. Et en extrapolant ce résultat à l’ensemble de l’univers visible, il était facile de conclure que des centaines de milliards de galaxies peuplent le cosmos observable. Un choc que ce « Deep field » de Hubble ; cette vision d’un « champ profond » qui sera plusieurs fois confirmée dans d’autres directions du ciel et avec encore plus de précision. La photographie présentée ici est celle d’une zone du ciel nommé LEDA 2046648. Elle est située à un peu plus d’un milliard d’années-lumière de la Terre, dans la constellation d’Hercule. On y voit quelques étoiles appartenant à notre Voie lactée (avec les « branches » caractéristiques du télescope) mais surtout des galaxies lointaines. La grande galaxie spirale à la base de cette image est accompagnée d’une profusion de galaxies plus petites et plus éloignées qui vont de spirales à part entière à de simples taches brillantes.
C’est la capacité du JWST à observer ces galaxies dans l’infrarouge qui permet aux astronomes de voir loin et net, mais surtout de comparer les galaxies de premier plan à celles qui sont plus distantes. Et cette photo réalisée pour un test optique au moment du calibrage des instruments en est une merveilleuse illustration. Les deux grandes galaxies de premier plan nous laissent voir leurs noyaux, bras spiraux, gaz, poussières et zones de formation d’étoiles. On devine des structures similaires dans certains objets plus lointains. Mais embrassée dans son ensemble, cette image donne une perspective de fuite vertigineuse ou l’espace et le temps se confondent, ou une quasi infinité de mondes se trouvent révélés sur un fond noir, attirant comme un gouffre obscur et sans fond.
Alain Cirou
Crédit : ESA/Webb, NASA & CSA, A. Martel
Découvrez notre collection complète de photos astronomiques et spatiales, ainsi que leurs auteurs sur le site GalleryAstro.