L'image de la semaine : Déimos, « la terreur » de Mars

 

Voici une vue tout à fait inhabituelle de Déimos, la plus petite lune de Mars ! Une image réalisée par la sonde Hope développée par le Centre spatial Mohammed Bin Rashid
(MBRSC), et financée par l’Agence spatiale des Émirats arabes unis. En orbite autour de la planète rouge depuis 2021, la mission qui a déjà réalisée une carte de Mars à haute résolution, et scrute avec attention les évolutions saisonnières de son atmosphère, vient de frôler le 10 mars dernier la toute petite lune à 100 km d’altitude de sa « face cachée ». Ce survol rasant montre un objet à la surface poussiéreuse, faiblement cratérisé, et marqué par une grosse déformation qui témoigne d’un choc passé violent.
Découverte le 12 août 1877 par l’astronome américain Asaph Hall – qui révélera aussi six jours plus tard son grand frère, Phobos – la lune Déimos, deux fois plus petite avec ses 12 km de diamètre, tourne autour de Mars en 30 heures et s’éloigne progressivement de la surface de la planète. Au point qu’elle pourrait bien s’évader en se libérant de son attraction, dans quelques millions d’années.
Si l’étymologie des deux lunes martiennes est bien connue, Phobos c’est « la peur » et Déimos « la terreur », en référence aux jumeaux que la déesse Aphrodite eut avec Arès, l’équivalent grec du dieu romain Mars, leur origine est fortement controversée.
Longtemps les planétologues ont pensé que ces deux objets pouvaient être des astéroïdes capturés par l’attraction martienne. Leurs tailles, leurs formes, leurs masses et leur albédo semblaient les classer dans la catégorie de corps primitifs issus de la ceinture principale d’astéroïdes. Seule leur orbite trop circulaire faisait douter de cette hypothèse. Un doute confirmé par les scientifiques de la mission Hope. « Nos observations rapprochées de Deimos indiquent une origine planétaire, plutôt que de refléter la composition d’un astéroïde de type D comme on l’a postulé » explique Hessa Al Matroushi, la responsable scientifique de la mission. « Tout comme les données acquises sur Phobos, les premiers résultats des observations de Deimos racontent que ces deux corps ont des propriétés infrarouges plus proches d’un Mars basaltique » confirme Christopher Edwards, en charge d’un des instruments d’observation.
L’hypothèse d’une collision entre la planète rouge avec un corps céleste géant, qui aurait éjecté des débris en orbite puis, par effet gravitationnel, puis permis de former Phobos et Déimos par accrétion, se renforce singulièrement. Les spectres révélés par Hope suggèrent que c’est du « matériau martien » qui est présent à la surface de ses deux satellites.
En fond de cette image, les couleurs et les contrastes de la planète désert dressent une toile de fond très futuriste. Voilà la prochaine destination affichée de l’exploration humaine dans le Système solaire. Il n’est pas interdit d’imaginer que la première mission habitée à rejoindre cet objectif ne fasse que tourner autour de la planète et raser, elle aussi au plus près, Déimos, « la terreur ». Une image visionnaire ?

Alain Cirou

Copyright :   Emirates Mars mission

 

 

 

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