On ne le dira sans doute jamais assez : il y a sans doute au moins autant d’étoiles dans l’Univers que de grains de sable à la surface de la Terre. Et partout où pointent les grands télescopes terrestres et spatiaux, cette multitude de soleils apparaît. Voici, saisie depuis le télescope spatial Hubble, une vue particulièrement saisissante de cette variété, doublée de diversité, stellaire. Là, le « Cartier Bresson » en orbite pointe une région du ciel de l’hémisphère sud : la constellation de la Table – appelée aussi Mensa – . Proche du pôle sud céleste, entourée des constellations du Caméléon, de la Dorade, de l’Hydre et du Réticule, toutes nommées par l’abbé Nicolas Louis Lacaille, elle fait référence à une montagne d’Afrique du sud, qui domine le Cap, où habitait l’ecclésiastique. Et c’est tout naturellement qu’au-dessus de cette éminence naturelle que flottent… des nuages. C’est dans cette direction, celle du Grand Nuage de Magellan, l’une des galaxies satellites de la Voie lactée, qu’un superbe amas globulaire baptisé NGC 2031, situé sur le coin supérieur gauche de cette image, déploie ses lumières colorées.
Cette région du ciel est très riche, très dense en étoiles. Et on admire les couleurs de ces astres, du bleu au rouge, qui révèlent ainsi leurs températures, leurs masses et leurs âges. Les plus jeunes et les plus chaudes sont bleues. Les plus rouges sont souvent grosses et plus froides. Difficile cependant de généraliser – la variété des étoiles est très grande ; elles sont toutes parentes mais toutes différentes – mais ce sont les étoiles bleues de l’amas qui intriguent les astronomes. Elles sont là très nombreuses alors que la population des amas est généralement ancienne et la couleur de leurs étoiles plutôt blanche, orangée, ou rouge. L’une des hypothèses est que ces étoiles bleues seraient issues de la fusion de vieilles étoiles rouges qui seraient rentrées en collision. Des étoiles « trainardes » s’amusent les scientifiques en qualifiant ces « fausses jeunes » de mariages forcés entre stars anciennes.
La présence de nombreuses étoiles dont l’éclat varie – des céphéides – permet aux spécialistes d’affirmer que cet amas se situe à 150 000 années-lumière de la Terre et qu’il est âgé d’environ 140 millions d’années. Comment dès lors ne pas se perdre dans la contemplation de ce petit coin d’Univers, si beau et si envoûtant à la fois.
Alain Cirou
Image Credit: NASA, ESA, and L. Bianchi (The Johns Hopkins University); Processing: Gladys Kober (NASA/Catholic University of America)
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