Le Grand Entretien de Ciel et espace, en partenariat avec le Club des chercheurs de la Fondation Victor Lyon de la Cité internationale universitaire de Paris, Alain Cirou reçoit Patrick Michel, directeur de Recherches au CNRS, Responsable de l’Équipe TOP (Théories et Observations en Planétologie). Professeur au département d’innovation et engineering de l’Université de Tokyo. Avec une forte implication dans les missions Hayabusa2 et MMX de la JAXA, l’agence japonaise pour l’exploration spatiale. Ses recherches portent sur l’origine des astéroïdes, leurs propriétés physiques et leurs évolutions dynamiques dans le Système Solaire. Il se consacre notamment aux astéroïdes potentiellement dangereux, qui croisent l’orbite de la Terre, en particulier leurs origines, leurs évolutions, leur probabilité d’impact avec celle-ci, les méthodes pour les étudier depuis le sol (modélisation, observations) et l’espace, et pour s’en protéger. Le 30 juin 1908 au matin, une énorme explosion trouble la quiétude de la Tounguska, une région éloignée en Sibérie centrale. Son énergie équivaut à mille fois celles engendrées par les bombes d’Hiroshima et Nagasaki. Les dégâts sont considérables. La forêt est détruite sur un rayon de 20 kilomètres et 60 millions d’arbres sont abattus. L’onde de choc est enregistrée jusqu’en Europe occidentale et aux Etats-Unis. Un siècle plus tard, l’origine de l’événement demeure inconnue mais que ce soit un astéroïde géocroiseur, un morceau de comète ou tout autre objet de provenance inconnue, demeure une certitude : si pour la Terre le risque d’impact avec un corps céleste est faible, il n’est pourtant pas nul. Pire, s’il n’est pas anticipé, il est de nature à causer des dommages planétaires majeurs et provoquer un effondrement de notre société. Après avoir fait la preuve que nous pouvons modifier l’orbite d’un astéroïde (Mission DART en septembre 2022) reste à comprendre la nature des corps qui nous menacent, à les recenser tous, et à adopter une stratégie de « défense planétaire » efficace.
Faisant le pont entre l’Europe, le Japon et les Etats-Unis, Patrick Michel est l’un des scientifiques internationaux les mieux placés pour réaliser un point actualisé sur les connaissances les plus récentes en matière de petits corps célestes et les stratégies d’interventions envisagées en cas de risque de collision. Après le succès du film Don’t look up, difficile de réduire ce sujet aux seuls blockbusters hollywoodiens et à de la pure science-fiction. La mobilisation scientifique est en cours ; les années qui viennent s’annoncent passionnantes mais aussi déterminantes.
A regarder ici :https://youtu.be/j0YUAEAQ2Wo