Aller plus loin : Une journée d'étude autour des infox

Susciter la curiosité sans développer la crédulité

Susciter la curiosité sans développer la crédulité. La question des fausses nouvelles devient incontournable pour celles et ceux qui s’intéressent au développement de la circulation de l’information et de la culture scientifique via les réseaux sociaux et les médias de masse. Le rêve d’une « société de la connaissance » accessible partout et pour tous est de plus en plus tempéré par de multiples craintes dont celle de la prolifération de ce que l’on appelle aujourd’hui « infox ».

L’AFA, l’Enssib, la Ville de Paris et leurs partenaires l'AMCSTI et l'APLF entre autres, avec le soutien du Minsitère de la Culture et de la communication,  ont organisé une journée d’étude associant enseignants-chercheurs en sciences de l’information et de la communication et en sciences de l’éducation, professionnels des bibliothèques, de l’animation et de la médiation scientifiques, ainsi que journalistes Ses objectifs étaient triples :

  • Distinguer et caractériser les différents types d’erreurs en cascade, de rumeurs ou de désinformations entremêlés derrière ces inquiétudes ;
  • Étudier les caractéristiques spécifiques aux infox dans les champs scientifiques et technoscientifiques : comment défendre la démarche de doute et de scepticisme propre à la recherche sans pour autant tomber dans un relativisme absolu dans lequel toute notion de vérité disparaitrait ;
  • Échanger sur des expériences de mise en place d’ateliers de formation ou de dispositifs d’accompagnement à l’analyse critique des infox. On pourra alors s’interroger sur les limites des approches qui se fondent uniquement sur une simple approche de preuves expérimentales. 

Infox et diversité des phénomènes regroupés dans ce champ
Tour d’horizon des phénomènes, mécanismes et enjeux à l’œuvre. Spécificités des infox liées aux champs scientifiques et technoscientifiques, présentation par quatre cas issus de l’astronomie. 
Présentation introductive à deux voix : Joëlle LE MAREC, Professeure au CELSA, Sorbonne Université, Directrice du GRIPIC et Olivier LAS VERGNAS, Professeur à l’Université de Lille, Directeur du CIREL

Le projet Politoscop
par Noé GAUMONT, Post-Doctorant au CAMS et résident à l’ISC-PIF, Le Big Data comme bien commun.
Le Politoscope met les outils de la recherche à la disposition des citoyens pour analyser les prises de parole des candidats à la présidentielle de 2017 et de leurs communautés. Via ce macroscope, le “grand public" est à même de plonger dans les masses de données générées sur les réseaux sociaux grâce à des outils et méthodes d’analyses produites par la recherche. Nous présentons ici des résultats sur le partage de fausses informations durant les élections présidentielles de 2017.

Les professionnels face à la mésinformation, la désinformation et aux théories du complot
Rôles et attitudes des journalistes, bibliothécaires, travailleurs sociaux et enseignants.

Les bibliothécaires face aux infox
Depuis 2015, les bibliothécaires sont fortement sollicités pour accompagner les actions d'éducation aux médias et à l'information. Cela interroge une profession pour qui ces questions de recherche et d'évaluation de l'information sont à la fois traditionnellement au coeur du métier et bouleversées par l'arrivée des infox. 
Alors même que d'aucuns pouvaient penser qu'Internet sonnait la fin des bibliothèques, la question de la désinformation et de l'éducation aux médias permet au contraire à la profession de se positionner et d'investir le débat : "experts" en recherche et en évaluation de l'information, les bibliothécaires sont des intermédiaires tout désignés pour accompagner les usagers dans ce foisonnement de l'information, par Salomé KINTZ, la Contemporaine, coordinatrice de l’ouvrage collectif « Décoder les fausses nouvelles et construire son information avec la bibliothèque » (Presses de l’École Nationale Supérieure Sciences Information et Bibliothèques, 2020).

L'expertise de terrain en travail social comme compétence professionnelle
Déconstruction des représentations par la pratique de l'échange avec les personnes concernées. Exemple de la théorie du complot.
par Wajdi LIMAM, doctorant Université Paris-CRESSPA-GTM.

Les discours à propos des « fake news » ont investi l’espace public en très peu de temps pour caractériser des phénomènes sociaux particulièrement hétérogènes : élections et référendums aux résultats « imprévus », résurgence du terrorisme en Europe, phénomènes de « radicalisation », mouvement des « gilets jaunes », contestation de l’expertise officielle lors des controverses socioscientifiques…
Cette présentation ambitionne d’interroger la formule et ses usages par une grande diversité de champs sociaux et professionnels. La catégorie des « fake news » est-elle pertinente pour analyser et comprendre la complexité du monde social dans toute sa diversité ? Participe-t-elle à des luttes stratégiques pour le contrôle des conditions d’accès aux instances de l’énonciation publique du « vrai » ? 
Cette présentation repose sur dossier « Fake news ! Pouvoirs et conflits autour de l’énonciation publique du vrai », n°53 de la revue Études de communication (2019).
par Cyrille Bodin – docteur en Sciences de l’information et de la communication – LISEC – UNISTRA.

Comment les médias, physiques et numériques, et en particulier les magazines scientifiques à destination d’un public large, vivent-ils l’ère des infox ?
Entre la nécessité économique, la compétition entre médias et un terreau favorable à la propagation de fausses nouvelles, comment les journalistes scientifiques travaillent-ils ? L’exemple de la revue Ciel & Espace est ici présenté par Alain CIROU, son directeur de la rédaction.

Échanges entre les intervenants et échanges avec la salle

 

Témoignages et expériences des médiateurs et des acteurs sur le terrain : comment faire face

Table ronde avec :

Didier MATHIEU, Président de l’APLF, « Face aux infox ».

Désinfox, éviter les pièges des fausses informations
L'Exploradôme, musée des sciences et du numérique à Vitry-sur-Seine, a lancé un projet pilote autour de la désinformation et des fake news, à destination de groupes d'adolescents de centres sociaux du Val-de-Marne. Ce projet prend la forme de stages de sensibilisation de 15h, au sein desquels les jeunes sont invités à travers des jeux, des discussions, des expériences et des rencontres, à découvrir des outils pour repérer et déjouer les pièges des fausses informations qui peuvent circuler sur internet par Céline MERCY, Exploradôme.

Jouer à débattre et MAAD, Apprentis Chercheurs Mécanismes Addictions Alcools et Drogues
L'Arbre des Connaissances vise à développer les liens entre producteurs de sciences et société, en particulier les adolescents, pour leur permettre de monter en compétence et de développer leur esprit critique. L'association fonde ses actions sur l'expérimentation. Les adolescents plongent ainsi dans le monde de la recherche pendant une année avec Apprentis Chercheurs, expérimentent un débat nuancé avec Jouer à Débattre et s'informent sur les mécanismes des addictions avec le média MAAD Digital.
par Clara BELLOC, Directrice de l’Arbre des Connaissances.

L’Atelier médiation et critique
L'AMCSTI, réseau des professionnels des CSTI, a souhaité mettre en place un atelier médiation et critique à destination des médiateurs culturels et des enseignants. Un outil permettant à la fois de trouver des ressources sur l'esprit critique, le discernement entre le croire et le savoir, mais également des contenus scientifiques sur des sujet à controverse d'une part. Et un système d'apprentissage en ligne, pour gérer à la fois une situation de médiation délicate, la construction d'une croyance, esprit critique et discernement d'autre part...
par Didier MICHEL, Directeur de l’AMCSTI

Former pour écouter et comprendre les publics
par Matteo MERZAGORA, Directeur Traces et ESPGG

Médiation scientifique et esprit critique : quelles initiatives pour quels objectifs ? 
Catherine OUALIAN présente le cycle thématique « Esprit critique et médiation scientifique »  comprenant formations, rencontres professionnelles et veille à destination des professionnel.le.s de la médiation culturelle et scientifique. Différents aspects sont abordés : le traitement des controverses socio-techniques en médiation, l’impact des biais cognitifs ou encore l’analyse d’arguments à travers un «  concours de mauvaise foi ». Ce cycle a pour but d’accompagner les professionnel.le.s en leur permettant de découvrir des outils de médiation et de prendre du recul sur leurs postures et pratiques.
par Catherine OUALIAN, Chargée de formation à Universcience au sein de l’École de la médiation.

Échanges entre les intervenants et échanges avec la salle